J’ai avalé mon histoire comme j’ai mangé la tienne, Poète, Sculpteur ou Peintre d’éternité au présent… Quel repas, dis-tu, avons-nous partagé ? À quand, et avec qui , le prochain ? On verra... On lira ... | Marie-Thérèse PEYRIN - Janvier 2015
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décembre 2023

ETATS DES YEUX | Décembre 2023 | Ajustements d'images | LES HEURES PLEINES | Semaine 52

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L'ange jaune

Drôle d'ange, drôle de rencontre en montant la côte en direction de Fourvière l'autre jour. Un ange jaune aux lèvres roses charnues, cheveux crêpus, pieds et main droite arrachés, un visage perplexe presque étonné, a-t-il ramassé une charge explosive, va-t-il en réchapper ? Je voudrais que Oui !  LOV et KILL en dessous , pourtant, c'est de mauvaise augure... J'aimerais connaître l'origine de ce collage. C'est pour cela que je l'ai photographié en passant, profitant de l'embouteillage.  Tout me fait signe en ce moment. L'illisibilité du comportement humain collectif dans les territoires en guerre me donne envie de réduire ma capacité d'engrangement des baratins justificateurs.  Je vomis la guerre et ses sbires.La mort a pris une telle ampleur  dans les contrées attaquées et assiégées que j'ai en permanence dans la tête, de jour comme de nuit,  l'image de son grouillement et de sa sournoiserie. Je pense aux enfants et aux femmes qui essaient de survivre au milieu des armes, je me demande quel avenir apaisé on peut avoir après toutes ces tueries, toutes ces destructions, tous ces drames programmés. La mort est fascinante, la donner empêche-t-il de la subir plus tôt que prévu dans une vie pourtant toujours trop courte ? Y croient-ils vraiment à la gloire posthume et aux récompenses de leurs Dieux si peu crédibles ? Cet ange jaune m'a glissé à l'oreille qu'il avait la trouille ( une jaunisse justifiée)  et qu'il allait si possible rejoindre les oiseaux de bonheur ,  peu importe leurs couleurs, là où ils chantent encore, il va falloir chercher où... Je repasserai le voir, pour savoir , j'espère qu'il me laissera un message, car en cette semaine 52, malgré la chaleur familiale et les trucs qui scintillent, je crois que je n'ai plus de mots pour exprimer ce que je vois et ressens. Et vous ?

 

 


ETATS DES YEUX | Décembre 2023 | Ajustements d'images | LES HEURES PLEINES | Semaine 51

CETTE NOTE EST MON 104 ème AJUSTEMENT D'IMAGE (s)

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Tout doux Noël en tablée intimiste à six. On a même confectionné de vraies bugnes et éparpillé les papillotes un peu partout pour faire scintiller les lumières en led. On a eu le goût des conversations légères et l'enfant a réclamé sa platée de pâtes à la tomate après avoir servi  les adultes (à l'assiette !). Un Menu de Fête Traiteur trop ésotérique pour lui. Rigolades et distribution de cadeaux, beaucoup de livres cette année, et cette merveilleuse toile de bibliothèque réalisée par l'amie lointaine Odile Fougère qui ne cesse pas de m'étonner par la qualité de son imaginaire adossé à la vie matérielle et à la nature qu'elle y fait entrer en touches colorées et subtiles. Il y a toujours un message invisible dans son travail que j'apprécie de plus en plus. 

L'enfant et ses figurines Minecraft s'invente depuis hier des paysages à sa manière.  Il y est question d'armées prêtes à la paix, sur le mode défensif bien ordonné... Difficile d'échapper à l'air du temps. Quelques livres pour son futur métier annoncé d'architecte lui feront connaître les prodigieuses et généreuses réalisations de Tony Garnier proches de chez nous. Commencer avec des légos n'est pas inutile pour construire son propre environnement... Il voulait également devenir cuisinier, mais y a renoncé car il ne veut pas travailler le week-end.  C'est son neuvième Noël façon Petit Prince, sans excès, il sait ce que valent les choses et sait se contenter de ce qui est prévu. Avec sa casquette et sa cape noire à col rouge satinée, il grandit à vue d'oeil devant nous. Là encore, sentiment de privilège.

Il faudra attendre la St Sylvestre pour réunir nos trois grands enfants et faire la photo traditionnelle du trio qui m'est si chère laquelle jalonne le temps qui fait changer les êtres et nous les rend encore plus précieux. Goût des retrouvailles, goût pour les souvenirs revisités et plaisir de se sentir encore solidaires et vivants. Cela se passe de mots précis la plupart du temps, ce sont les yeux qui aiment et qui rient comme des guirlandes festives. Cette génération vit des amours intermittentes et renonce à procréer, cela les maintient dans une disponibilité attentiste que nous n'avons pas connue. Nous nous accoutumons à la nouveauté autant qu'à l'imprévisibilité des projets. Ils accordent de la valeur à l'authenticité et à la liberté. Ils vivent au jour le jour  modestement et nous nous adaptons à leurs choix qui restent toutefois relatifs. Ils ne sont pas arrivistes ni indifférents à leur impact écologique, ils roulent à vélo ou marchent à pied , prennent le train ou des transports solidaires. Ils lisent beaucoup et s'informent. Leurs attirances musicales sont larges et parlent d'autres langues que maternelle et paternelle, leur vocabulaire est criblé d'anglais et d'acronymes.

Nous nous éloignons doucement de leur univers, sans tapage ni précipitation. Quelque chose change en profondeur dans nos relations mais cela reste discret et tendre. Famille unie dans un pays en paix, quel privilège !

Nous avons même partagé nos friandises avec notre cher voisin de palier veuf et seul , Monsieur G.  devant sa messe de minuit avancée à 22h  (ce n'est plus comme avant , a-t-il dit en riant...), il était charmant en robe de chambre gris-bleu et moelleuse .  Ses enfants sont venus le chercher pour un repas ce midi. Nous lui relevons son courrier en ce moment, en relais d'une autre voisine absente, veuve aussi, elle s'est absentée pour les fêtes. Lui est de plus en plus voûté et las physiquement, il approche les 90 ans, le dit, le sent, mais continue à sourire et à remercier. Il est un spécialiste des cadrans solaires et nous en a offert un pour le sud.

Il y avait assez de bugnes pour en faire profiter la famille proche. C'est une tradition qui me ramène à l'enfance. Notre mère en faisait des quantités industrielles avec plusieurs kilos de farine, des tonnes de beurre , une  quantité phénoménale d'oeufs, des citernes d'huile, un flacon d'eau de fleur d'oranger, de la levure  et du sucre glace sans privation ... L'opération prenait trois jours avec des effluves de graillon spectaculaires. Au fil du temps l'habitude s'est effilochée. Trop de sucreries dans la vie des enfants les ont détournés de ce qui constituait une nourriture d'exception et de convivialité. La bûche au beurre est devenue une hérésie diététique, on la préfère glacée de nos jours pour faire glisser le reste. On ne boit pratiquement plus d'alcool, les jus de fruits,les fruits de saison  et l'eau pétillante ont volé la vedette. Nos estomacs ont muté , le citrate de bétaïne à portée de main, seul le chocolat un peu raffiné garde ses marques de noblesse, les blagues à l'intérieur des papiers brillants rivalisent d'inintérêt, les questions pour un champion ont remplacé les citations, les réponses sont loufoques et commerciales, les pétards sont mis à part... Et même les chants de Noël ont pris un coup de vieux malgré les versions jazzy et godspel. Malgré cette évolution, la magie de Noël n'a pas disparu pour les personnes qui ont appris à communiquer par smiley, sms et mailing. Noël fête l'enfance et la résistance à son annulation sous des prétextes d'hostilité généralisée.  Ce qu'a de divin un enfant qui naît c'est que sa présence dans chaque famille, dans chaque communauté, dans chaque culture soit sacralisée et protégée du malheur créé par l'incapacité d'aimer et de partager.

 

 


ETATS DES YEUX | Décembre 2023 | Ajustements d'images | LES HEURES PLEINES | Semaine 50

CETTE NOTE EST MON 103 ème AJUSTEMENT D'IMAGE (s)

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Marie Ange SEBASTI par Angèle PAOLI 001

Marie-Ange SEBASTI  1945 -2022

 

 

                NAVIRE

 

Les rêves rêvaient les vagues

et les vagues noyaient les rêves

 

La Haute mer ne sait pas rire

 

Il nous filait chaque noeud

pour rattraper le vent

mais chaque noeud 

laissait filer le vent

 

La haute mer s'est adjugé

tous nos pays familiers

 

Il ne s'agit pas d'en pleurer

 

 

Marie-Ange SEBASTI , Comme un chant vers le seuil,

Maison  Rhodanienne de Poésie, 1970, page 24

 

 


Semaine 50 Année XXIII -  Mercredi  13 Décembre 

Trois semaines de silence sur cette Entame des jours. Ce n'est pas pour rien. Trop de choses à dire ou à taire et la conviction d'avoir mieux à faire que de palabrer dans la tourmente de l'actualité. Gaza... les otages israéliens sacrifié.e.s ... l'Ukraine, l'Afghanistan... le Yémen... en obsessions de colère : cette omniprésence ruineuse hégémonique des armes, des détresses vendues en images et en bavardages qui n'arrêtent rien et font sans doute empirer les situations. Sauve qui peut de loin ça rend honteux. Et l'hiver qui s'est installé ici en ville avec ces réfugiés et ces miséreux à la rue, sous des tentes insalubres que la bonne société assimile à cette migrance dont on ne veut plus et dont on débat sans complexes à l'assemblée devant des députés qui annoncent la couleur et la laideur des ambitions. L'humanité va mal et la France est un radeau de la Méduse où les intérêts privés priment sur la solidarité, l'ouverture d'esprit et la liberté de circulation sur la planète. Les peuples migrants soumis et sous payés sont intégrables, ceux qui viennent  seulement chercher asile, protection sociale, soins modernes et pitance ne sont pas assimilables malgré la multiplicité des contre-exemples. Instrumentalisés, ostracisés, enfermés, relégués aux marges de nos privilèges les peuples déplacés sont le symptôme de la haine et l'injustice érigées en systèmes à circuit fermé. La binarité simplette in / off fonctionne à plein régime. Les systèmes socio-religieux reprennent du pouvoir sous la menace pour aveugler les consciences et les ramener à leur cause d'essence économique ( capter le pognon) . Les dieux sont convoqués pour expliquer ou renforcer la pagaille et pas mal de monde tombe dans le panneau. Le XXIeme siècle et son retour de factions spirituelles abusives se nourrit aussi d'angoisses environnementales. Les gens discrets et mesurés sont inaudibles, les intelligences sont morcelées et la loi du plus violent actionne le gouvernail des destins pêle-mêle. Rester debout et intègre dans cette coulée de boue brûlante relève du défi et certains le relèvent courageusement. A ma toute petite échelle, j'ai l'impression de résister avec peu de moyens. J'écarquille les yeux pour voir venir le danger et m'attends à tout comme à rien. Je remonte le temps avec l'écriture et l'écoute des expériences, la poésie me sert de petits bagages de main pour donner un peu de recul à mes constatations.  Je les abandonne lorsqu'ils exagèrent, eux aussi.  Il y en a partout sur les routes de l'exil, et porter ceux des autres n'est pas complètement idiot. 

Les mots des poèmes sont à tout le monde.

 

Je prépare depuis un an une maquette de livre collectif d'hommages à notre amie Marie-Ange SEBASTI  et j'y ai travaillé avec patience et acharnement. J'espère le présenter au plus tard en Janvier 2024.

 

De son côté son éditeur  Jacques ANDRE qui a quitté  Lyon est en train de sortir un volume, réalisé "avec un groupe de lecteurs fidèles" (sic), réunissant les livres déjà publiés et des inédits posthumes généreusement confiés par son mari Yves CALVET malgré le deuil douloureux.

Cela s'est fait indépendamment de la démarche de notre association qui aurait pu être mieux associée à cette initiative, mais cette oeuvre a attiré des convoitises qui ont clivé les démarches lesquelles auraient pu être synchronisées. Ainsi va la poésie dans ses incarnations déroutantes.

L'important à présent est que l'oeuvre circule et qu'elle soit visitée plus largement au delà du cercle Lyonnais.

Affaire à suivre...